L’immigration est le principal levier d’action pour l’équilibre du système des retraites en France

Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié début juin confirme bien que le système par répartition est en déficit. Mais il est question d’un déficit contrôlée à long terme, de -0,4% de PIB en 2030 à -0,8 pt autour 2050, puis stabilisé par la suite jusqu’en 2070. S’il y aura déficit, ce ne sera pas du fait des dépenses, qui en réalité baisseront de 13,7% du PIB en 2030 à 13,2% en 2070, mais bien du manque de recettes pour financer le système (chute massive de l’emploi public, érosion de la qualité de l’emploi dans le secteur privé). En cela, la France fait presque figure d’exception en Europe. Passée la bosse de la génération baby-boom, le choc démographique lié au vieillissement n’aura pas lieu en France, contrairement à la plupart des pays européens qui, eux, verront une hausse continue des dépenses de retraite.

Mais le plus intéressant du rapport du COR, ce sont les hypothèses et les scénarios alternatifs. Le rapport identifie quatre variables qui pourront influer sur le cours des choses: taux de fécondité, productivité, espérance de vie et solde migratoire. Une hausse de la fécondité, de la productivité ou du solde migratoire, ou une baisse de l’espérance de vite par rapport au scenario de référence permettraient de plus ou moins rééquilibrer le système. Inversement, une baisse de la fécondité, de la productivité ou du solde migratoire, ou une hausse de l’espérance de vie aggraveraient les déficits.

Mais sur les quatre variables, seul le solde migratoire est à portée de main de l’action gouvernementale, les trois autres dépendent de facteurs socio-économiques qui lui échappent. On ne décrète pas une hausse de la fécondité ou de la productivité. La politique migratoire en revanche, se décide par les gouvernants. On laisse, ou non, entrer les migrants. On les accueille, ou non, de manière décente. On les forme, ou non, etc.

Dans son scénario de référence, le COR table sur un solde migratoire de +70k individus par an. Ce qui est peu, voire très peu, au regard de ces dernières année (+170-200k). De fait, le COR anticipe un resserrement considérable de la politique migratoire de la France, avec une division par trois du solde migratoire sur les 50 prochaines années.

Dans les scenarios migratoires alternatifs, on compte celui de « l’immigration zéro », avec seulement +20k par an, qui plongerait le système de retraite dans un déficit croissant d’année en année. Et on compte un scenario « à la hausse » avec un solde de +120k par an, qui permettrait de réduire le déficit, et de se rapprocher de l’équilibre à l’horizon 2070. Ce dernier scenario est pourtant peu ambitieux. Un solde +120k par an reste bien en deçà du solde migratoire de ces dernières années.

Sachant par ailleurs que la France accueille comparativement très peu d’immigrés, il y a de la marge. En effet, set selon l’OCDE, en France l’immigration à caractère permanent (càd les flux entrants, et non le solde entrants-sortants) s’est établie à +300k en 2022 et n’a augmenté que de +3,1% entre 2019 et 2022, contre +12,7% pour la totalité de l’UE. En pourcentage de la population totale, la France est aussi en bas de tableau, l’immigration permanente ne représentant que 0,47% de la population totale en 2022, soit deux fois moins que pour l’ensemble des pays de l’OCDE (1% de la population totale). Parmi les pays européens, seules l’Italie, la Tchéquie, la Slovaquie, la Lettonie et la Grèce accueillent moins d’immigrés permanents en % de la population que la France.

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